Titre : |
Les héros du photojournalisme |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Patrick Mahé, Auteur ; Didier Rapaud, Auteur |
Editeur : |
Paris : Chêne, 2014 |
Description : |
207 pages. Lieu d'édition : Paris |
ISBN/ISSN : |
978-2-8123-0920-5 |
Langues : |
Français (fre) |
Résumé : |
Son pseudonyme s'impose comme un sceau pour les reporters de guerre
Robert Capa
Le pionnier et le maître
Dites Capa et soudain, cent photos de guerre vous sautent aux yeux. Peut-être pas les plus belles, au sens esthétique, «les beaux-arts de la guerre» forgeant une vision romanesque ; sûrement, en tout cas, les plus graves, les plus fortes, les plus intenses.
Sans doute la guerre d'Espagne (1936-1939), le premier conflit couvert «au plus près des combats», inspirera-t-elle, pour des générations de photoreporters, ce style Capa, un nom d'emprunt devenu sa marque, signant à jamais son empreinte. Capa, pseudonyme «à l'américaine», claquait dans cette avant-guerre un peu comme le nom du réalisateur à la mode, Frank Capra, deux fois couvert d'oscars.
Combien ont gravé dans leur paquetage sa citation sans appel : «Si vos photos ne sont pas assez bonnes, c'est que vous n'êtes pas assez près !» Beaucoup, dans l'ivresse des balles perdues, laisseront la vie au bout de cette exigence. Capa, le premier.
Sa mort tient à quelques pas d'écart, à côté d'un véhicule de commandement de la Légion étrangère où il venait de déposer un blessé. On était le 25 mai 1954, trois semaines après la chute de Diên Bien Phu qui sonnait le glas de l'Indochine française. Le convoi, attaqué au mortier, prenait la route de Thai Binh, longeant les digues au sud de Hanoi. Impatient à en devenir insolent, appareil Contax au poing pour le noir et blanc et Nikon S pour la couleur, Capa avait sauté dans le sillage d'une patrouille baroudant dans les rizières de Doai Than : «I'm goin' up the road a little bit (Je vais voir un peu plus loin).» Plus loin, c'est-à-dire «au plus près», comme toujours.
Soudain, explosion d'une mine antipersonnel. Capa gît, l'appareil photo en main, son seul vrai bien. Quinze jours plus tôt, il capturait encore sur la pellicule la tragédie des grands blessés français du camp retranché, évacués sous la pluie vers un hôpital de campagne au Laos. Il apparaît alors à portée de civière, sur le film témoin de l'ECPA (Établissement cinématographique et photographique des armées) que le réalisateur Patrick Jeudy a retrouvé pour perpétuer sa légende.
Mais là, sous le ciel azur du Tonkin, pas d'espoir de retour pour Capa. Il avait bondi de la jeep à 14b 50. Touché, vingt minutes plus tard, il était mort.
John Mecklin, pour Time-Life, compagnon des derniers instants, signera son épitaphe, tandis qu'un cercueil militaire, fait de planches de bois blanc, emportera son corps vers les États-Unis. Une bannière étoilée, à New York, recouvrira les lettres peintes au pochoir de troupier :
«Restes mortels. Capa Robert. Reporter photographe.
Décédé le 25/5/1954. Nord-Viêt Nam».
Capa, salué en Français, enterré en Américain. Mais d'où venait-il ? Endre Ernô Friedmann, Hongrois d'origine juive, est né à Budapest, à l'automne 1913, à l'aube de la Grande Guerre. Lors de son passage dans l'Allemagne préhitlérienne, en 1931, il apprend la photo grâce à son compatriote, exilé lui aussi, Simon Guttman.
Sous le label de l'agence Dephot (Deutscher Photodiensi), le stagiaire débutant grille la politesse aux routiers du métier pour un premier reportage à Copenhague, fin novembre 1932. Sous les binocles à gros verres circulaires, le doigt pointé sur sa moustache, il capture l'image exaltée de Léon Trotski, révolutionnaire chassé d'Union soviétique, pendant son dernier meeting public avant l'exil fatal à Mexico. Pour Friedmann, une aubaine, son premier «coup» journalistique. La parution sur une page de Die Welt-Spiegel signe un petit scoop qui fera date. |
Nature du document : |
Documentaire |
Les héros du photojournalisme [texte imprimé] / Patrick Mahé, Auteur ; Didier Rapaud, Auteur . - Paris : Chêne, 2014 . - 207 pages. Lieu d'édition : Paris. ISBN : 978-2-8123-0920-5 Langues : Français ( fre)
Résumé : |
Son pseudonyme s'impose comme un sceau pour les reporters de guerre
Robert Capa
Le pionnier et le maître
Dites Capa et soudain, cent photos de guerre vous sautent aux yeux. Peut-être pas les plus belles, au sens esthétique, «les beaux-arts de la guerre» forgeant une vision romanesque ; sûrement, en tout cas, les plus graves, les plus fortes, les plus intenses.
Sans doute la guerre d'Espagne (1936-1939), le premier conflit couvert «au plus près des combats», inspirera-t-elle, pour des générations de photoreporters, ce style Capa, un nom d'emprunt devenu sa marque, signant à jamais son empreinte. Capa, pseudonyme «à l'américaine», claquait dans cette avant-guerre un peu comme le nom du réalisateur à la mode, Frank Capra, deux fois couvert d'oscars.
Combien ont gravé dans leur paquetage sa citation sans appel : «Si vos photos ne sont pas assez bonnes, c'est que vous n'êtes pas assez près !» Beaucoup, dans l'ivresse des balles perdues, laisseront la vie au bout de cette exigence. Capa, le premier.
Sa mort tient à quelques pas d'écart, à côté d'un véhicule de commandement de la Légion étrangère où il venait de déposer un blessé. On était le 25 mai 1954, trois semaines après la chute de Diên Bien Phu qui sonnait le glas de l'Indochine française. Le convoi, attaqué au mortier, prenait la route de Thai Binh, longeant les digues au sud de Hanoi. Impatient à en devenir insolent, appareil Contax au poing pour le noir et blanc et Nikon S pour la couleur, Capa avait sauté dans le sillage d'une patrouille baroudant dans les rizières de Doai Than : «I'm goin' up the road a little bit (Je vais voir un peu plus loin).» Plus loin, c'est-à-dire «au plus près», comme toujours.
Soudain, explosion d'une mine antipersonnel. Capa gît, l'appareil photo en main, son seul vrai bien. Quinze jours plus tôt, il capturait encore sur la pellicule la tragédie des grands blessés français du camp retranché, évacués sous la pluie vers un hôpital de campagne au Laos. Il apparaît alors à portée de civière, sur le film témoin de l'ECPA (Établissement cinématographique et photographique des armées) que le réalisateur Patrick Jeudy a retrouvé pour perpétuer sa légende.
Mais là, sous le ciel azur du Tonkin, pas d'espoir de retour pour Capa. Il avait bondi de la jeep à 14b 50. Touché, vingt minutes plus tard, il était mort.
John Mecklin, pour Time-Life, compagnon des derniers instants, signera son épitaphe, tandis qu'un cercueil militaire, fait de planches de bois blanc, emportera son corps vers les États-Unis. Une bannière étoilée, à New York, recouvrira les lettres peintes au pochoir de troupier :
«Restes mortels. Capa Robert. Reporter photographe.
Décédé le 25/5/1954. Nord-Viêt Nam».
Capa, salué en Français, enterré en Américain. Mais d'où venait-il ? Endre Ernô Friedmann, Hongrois d'origine juive, est né à Budapest, à l'automne 1913, à l'aube de la Grande Guerre. Lors de son passage dans l'Allemagne préhitlérienne, en 1931, il apprend la photo grâce à son compatriote, exilé lui aussi, Simon Guttman.
Sous le label de l'agence Dephot (Deutscher Photodiensi), le stagiaire débutant grille la politesse aux routiers du métier pour un premier reportage à Copenhague, fin novembre 1932. Sous les binocles à gros verres circulaires, le doigt pointé sur sa moustache, il capture l'image exaltée de Léon Trotski, révolutionnaire chassé d'Union soviétique, pendant son dernier meeting public avant l'exil fatal à Mexico. Pour Friedmann, une aubaine, son premier «coup» journalistique. La parution sur une page de Die Welt-Spiegel signe un petit scoop qui fera date. |
Nature du document : |
Documentaire |
Mahé Patrick, Rapaud Didier.
Les héros du photojournalisme.
Chêne, 2014, 207 pages. Lieu d'édition : Paris.
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